vendredi 20 avril 2018

Apprendre à parler - fatigant pour le bébé ?

Babiller en anglais, français, espagnol - est-ce la même chose pour un bébé ?

Pour un bébé, apprendre à parler est toujours une sorte de processus créatif. Peu importe sa nationalité et la langue parlée dans son pays, peu importe même la question, si sa première langue correspond à celle qui est courante dans le pays de sa naissance - tant qu’elle est utilisée autour de lui, il va se l’approprier. Ce processus d’une certaine manière créatif - c'est-à-dire l’association des « choses » avec des mots - aboutit dans le premier raisonnement abstrait de son existence en tant qu’être socialisant.

Ce genre de processus mental est-il fatigant pour un bébé ? - Pour l’enfant, l’apprentissage d’une langue n’est évidemment pas un « travail » qu’il doit « réussir ». La notion de la « réussite », du succès, du stress auquel chacun est automatiquement livré au moment où il s’acharne d’atteindre un objectif, tout cela ne touche pas encore le bébé. L’ambition, l’idée du « concours » est un phénomène sociétal faisant partie de l’évolution d’un enfant dans un environnement dicté par la société, mais elle n’est pas innée.

A l’âge de bébé, tout est jeu, et les seuls « concurrents » qui dominent déjà sa vie, ce sont les différentes options de jouer : quel jeu est le plus intéressant, auquel ai-je envie de me consacrer ?

La notion de l’envie est donc essentielle. L’enfant exercera ses capacités linguistiques quand il en aura envie - c'est-à-dire lorsqu’il les considère comme un jeu plus tentant, à un certain moment, qu’un autre. Le temps qu’il y consacre n’est pas dicté par la fatigue, mais pas la fascination que le jeu de la langue exerce sur lui.

Pourrions-nous, par conséquent, partir du principe que, plus de temps le bébé consacre à sa langue maternelle, plus rapidement il l’apprend ? Si cette question était à répondre positivement, il ne serait évidemment pas trop utile de le soumettre à l’apprentissage de, par exemple, l’anglais en même temps que le français.

Toutefois, la question est mal posée. La partie de son temps de jeu quotidien que le bébé dédie à l’apprentissage des langues se prolonge automatiquement si son entourage trouve des moyens à la présenter d’une manière intéressante, colorée. L’insistance sur l’apprentissage de peu de mots risque d’ennuyer l’enfant, de le fatiguer et, forcément, de prolonger le temps d’apprentissage.

Dans cet ordre d’idées, il a été observé qu’un bébé dont les parents visent un bilinguisme précoce - qui apprend deux langues différentes en même temps - se fatigue effectivement moins à ce jeu. L’alternance entre des sons si différents comme, par exemple, ceux de l’anglais, de l’espagnol et du français, l’amuse et développe sa flexibilité mentale. Le processus devient plus créatif, plus amusant, joyeux. L’enfant, sans réfléchir, se soumet à une sorte de gymnastique rafraichissant de l’esprit. Comme le soutient Nadine Isnard, experte en la matière, le bébé se prépare dès le début de sa vie à penser et faire plusieurs choses en même temps…


Copyright Doris Kneller

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